Contexte
Le 7 février 2025, une image a été publiée sur Facebook montrant sept femmes allongées face contre terre. Selon la légende qui accompagne la publication, ces femmes auraient été victimes d'un militaire du M23 dans le quartier Birere, à Goma. L'auteur du post affirme que la ville est assiégée par des terroristes RDF/M23 et qu'un membre du groupe aurait ouvert le feu sur ces femmes.
Face à cette affirmation, Eleza Fact a mené des recherches sur des médias officiels en RDC et en utilisant plusieurs outils de vérification d'images, notamment Google Lens et TinEye . Ces analyses montrent que l’information a été sortie de son contexte et n'a aucun lien avec les événements récents à Goma.
Légende de l'infox
« RDC,Goma-Birere, ce vendredi matin , un élément M23 RDF tire sur 7 femmes» affirme Canal7kintv dans sa publication sur son compte Facebook comptant à ce jour plus de 2200 followers.
La publication a accumulé 62 mentions « j'aime », 21 commentaires et 8 partages jusqu'au 22 mars 2025 à 8 heures de Goma.
Une photo sortie de son vrai contexte
Poursuivant nos recherches, Eleza Fact est tombé sur des publications des internautes sur Twitter qui relayaient la même image accompagnée des légendes dénonçant la brutalité policière au Kenya. Parmi elles , la première publication(archivé ici), de l’utilisateur Naipamei Kaikai sur X , attribuait la scène à des événements survenus sous la direction de Fred Matiangi lorsqu’il était secrétaire du ministère de l’Intérieur.
« This was Fred Matiangi error as the CS for Interior on 28/03/2020 , he did more inhumanly actions to Kenyans by giving orders to Stripp and beat them and he has no regard for human life. There is no way he will be a replacement for Ruto hata na madawa », en français : « C’est une erreur de Fred Matiangi, alors qu’il était secrétaire général du ministère de l’Intérieur, le 28 mars 2020. Il a commis des actes encore plus inhumains envers les Kenyans en donnant des ordres pour déshabiller et frapper. Il n’a aucun respect pour la vie humaine. Il ne remplacera en aucun cas Ruto », s’insurge Naipamei Kaikai.
Dans une autre publication(archivé ici) du 28 mars 2020, The People’s Watchman, un autre utilisateur sur X déclarait, reprenant la même image : « adui ni raia », en français « l’ennemi c’est le peuple », une ironie qui vise à dénoncer la brutalité de la police kényane, avant de poursuivre en commentaire : « Kenya police are programmed to abuse and brutalize poor people. A police officer will NEVER brutalize or assault someone who they perceive to be rich. Teargas, batons and bullets are always rained on poor citizens », en français : « La police kényane est programmée pour abuser et brutaliser les pauvres. Un policier ne brutalisera ou n'agressera JAMAIS quelqu'un qu'il considère comme riche. Les gaz lacrymogènes, les matraques et les balles pleuvent toujours sur les citoyens pauvres ».
Face à ces affirmations, Eleza Fact a approfondi ses recherches en consultant des sources officielles et en vérifiant l’existence des rapports correspondant aux faits mentionnés. Grâce à Google Lens nous avons trouvé des articles des médias faisant référence aux faits susmentionnés. L’analyse(archivé ici) a révélé que les faits se sont produits au Kenya en 2020, lors des violences policières survenues durant les dix premiers jours du couvre-feu instauré pour freiner la propagation du COVID-19. Cette information est également confirmée par des articles de presse et des rapports d’organisations locales, qui documentent ces violences et attestent de l’authenticité de cette image dans ce contexte précis.
Dans un article publié le 22 avril 2020 par Voa Afrique (lien archivé ) titré “Kenya : HRW dénonce la brutalité de la police pendant le couvre-feu“, accusant la police kényane d’avoir tué au moins six personnes et d’en avoir battu et racketté d’autres lors du couvre-feu instauré en mars 2020 contre le COVID-19. Le Human Rights Watch (HRW) dénonce ces abus et l’impunité policière au Kenya.
De plus, dans un communiqué(archivé ici) du 1er avril 2020,le président kényan Uhuru Kenyatta a été contraint de présenter des excuses aux citoyens pour les excès des forces de sécurité ayant entraîné plusieurs décès et de nombreuses blessures parmi la population.
Il est à noter que ces faits corroborés ci-haut se sont produits en 2020, alors que le M23 a pris la ville de Goma en 2025. Cette image ne peut donc pas avoir un rapport avec le M23 à Goma.
Conclusion
L’image montrant des femmes allongées face contre terre n’a aucun lien avec la présence du M23 dans la ville de Goma, à l’est de la République démocratique du Congo. Après vérification à l’aide de Google Lens et sur X, nous avons constaté que cette photo est sortie de son contexte. Elle a en réalité été prise en 2020 au Kenya, lors des violences policières survenues durant les dix premiers jours du couvre-feu instauré pour limiter la propagation du COVID-19.
Cette vérification rappelle l’importance pour les utilisateurs des réseaux sociaux de s’assurer de l’authenticité des contenus avant de les partager.
Edité par Daniel Makeke